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Royaume-Uni : à Londres, des soirées au théâtre réservées aux Noirs

Randy Shropshire / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP




Le théâtre Noël Coward, joyau du West End, quartier des grandes scènes londoniennes, s’apprête à n’accepter certains soirs que des spectateurs de couleur noire ou « s’identifiant comme noir ». Ce sera le cas les 17 juillet et 17 septembre prochains pour la pièce controversée Slave Playde l’auteur afro-américain Jeremy O. Harris. L’histoire de trois couples mixtes dont la femme ou le mari noir n’éprouve plus de désir sexuel pour son partenaire blanc. Les producteurs de la pièce expliquent que ces soirées, baptisées « Black Out », « constituent la création résolue d’un environnement dans lequel les spectateurs noirs ou s’identifiant comme tel peuvent faire l’expérience d’un événement et en discuter à l’abri du regard des Blancs. » Si le succès est au rendez-vous, les producteurs promettent d’autres dates.Ces soirées ségrégatives, qui ont vu le jour à New York en 2019 à l’occasion de la création américaine de Slave Play, ne sont pas nouvelles outre-Manche. Des théâtres publics prestigieux comme le Lyric Hammersmith, le Theatre Royal Stratford East et l’Almeida Theatre en ont déjà organisées, à l’occasion de pièces d’un auteur noir racontant des « histoires noires ». Cependant, c’est la première fois qu’elles sont instaurées au cœur du théâtre commercial et de ses grandes productions du West End, où le prix moyen des places avoisine souvent les 150 euros et peuvent monter jusqu’à 400 euros.Des avertissements au public avant chaque pièceS’exprimant sur la BBC, Jeremy O Harris se dit ravi d’avoir ainsi introduit le concept de Black Out à Londres et se réjouit que « cette invitation radicale et nécessaire » s’adresse exclusivement à ceux qui se sentent généralement exclus de ces lieux de culture. Il ne dit pas cependant s’il compte également rendre le prix des places « radicalement » accessibles à ceux qui aimeraient venir plus souvent au théâtre.Ces soirées ont particulièrement fait réagir la presse conservatrice britannique comme le Daily Telegraph et le Daily Mail qui en ont pointé le racisme. Certains critiques de théâtre favorables à ces événements, comme Andrzej Lukowski, de Time Out, estime que le sujet relève d’une guerre culturelle entre réactionnaires et progressistes. « On n’a jamais interdit aux spectateurs blancs de ne pas venir à ces soirées, on leur demande respectueusement de venir un autre soir, ce n’est pas pareil », justifie-t-il, avec un brin de mauvaise foi.Les théâtres britanniques ont par ailleurs dû, depuis quelques années, introduire des « avertissements » avant chaque pièce pour prévenir leur public qu’il pourrait être choqué par des mots ou situations racistes, injurieuses, discriminatoires, violentes ou même… que certains personnages fument sur scène. Récemment, le grand acteur Ralph Fiennes, en tournée avec Macbeth, s’est dit opposé à ces avertissements ou trigger warnings. « Les pièces de Shakespeare sont truffées de meurtres et d’un tas d’horreurs. Jeune étudiant, heureusement que l’on ne m’a pas prévenu que dans King Lear, le personnage de Gloucester se faisait arracher les yeux. Le public doit être choqué, c’est la beauté du théâtre que de faire réfléchir. » Reste à savoir si Othello sera demain réservé aux Maures…



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Publish date : 2024-03-01 06:58:02

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