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Pour la Corée du Nord, les Sud-Coréens ne sont plus des « compatriotes » mais des « ennemis »

by News7
Pour la Corée du Nord, les Sud-Coréens ne sont plus des « compatriotes » mais des « ennemis »



Kim Jong-un visite une usine de munitions dans un lieu non divulgué, le 10 janvier 2024. KCNA / VIA REUTERS Les salves de coups de canon à munitions réelles tirées par la Corée du Nord depuis le début de l’année depuis sa côte sud-ouest, à proximité de la ligne de démarcation maritime avec la Corée du Sud en mer Jaune, ne sont pas qu’une énième provocation de Pyongyang. Elles illustrent le « changement décisif » de la politique nord-coréenne vis-à-vis du Sud, annoncé le 30 décembre 2023 par le dirigeant Kim Jong-un au cours d’une assemblée plénière du comité central du Parti du travail de Corée. « Les relations Nord-Sud ne sont plus des relations entre compatriotes, mais relèvent d’une relation hostile entre deux Etats en guerre », a déclaré Kim Jong-un. En soi, ses propos reflètent une part de vérité : les deux Corées sont deux Etats encore, théoriquement, en guerre et les hostilités ont simplement été suspendues par l’armistice de 1953. Le « changement décisif » évoqué par le dirigeant n’en constitue pas moins un tournant dans les relations entre les deux pays : il met fin à la conception même de leur division entretenue par Pyongyang et Séoul pendant des décennies. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Entre les deux Corées, l’année 2024 s’ouvre sous haute tension Depuis la déclaration commune Nord-Sud de 1972, les deux Corées se présentaient en effet moins comme deux Etats séparés que comme des partenaires aux régimes certes antagonistes, mais œuvrant à une réunification qui pourrait passer dans un premier temps par une confédération (un pays, deux systèmes). « Laquais » de Washington Les organes de propagande nord-coréens ont désormais supprimé toute référence à la réconciliation avec le Sud. La déclaration conjointe du 15 juin 2000, signée à Pyongyang par les dirigeants de l’époque, le Sud-Coréen Kim Dae-jung et le Nord-Coréen Kim Jong-il, a disparu des deux sites Internet de propagande du régime, le Ryomyong et l’Uriminzokkiri. Et, depuis quelques mois, Pyongyang fait référence à la Corée du Sud par son nom officiel de République de Corée (Daehan Min-kuk), ce qui n’était pas le cas auparavant, note Andreï Lankov, expert de la Corée du Nord, sur le site d’information NK News. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Avec la rencontre de Vladimir Poutine et Kim Jong-un, Pyongyang veut montrer que sa capacité d’action s’étend au-delà de l’Asie du Nord-Est Pour Pyongyang, la Corée du Sud est désormais traitée comme un Etat ennemi et non plus comme une entité spéciale prise en charge par des administrations distinctes du ministère des affaires étrangères : le département du Front uni du Parti du travail et le Comité pour la réunification de la Mère Patrie. Pour Kim Jong-un, il en va du prestige de la République démocratique populaire de Corée (RPDC) de ne pas discuter avec un pays « laquais » de Washington. Autre conséquence de cette nouvelle politique, « si l’ennemi opte pour la confrontation, nous devons être prêts à l’annihiler », a-t-il déclaré. En d’autres termes, fait valoir Hong Min, de l’Institut coréen pour l’unification nationale, à Séoul, « si la Corée du Sud est devenue un ennemi comme un autre, l’utilisation de l’arme nucléaire devient possible bien qu’il s’agisse de compatriotes ». Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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